Après la crise du coup d’Etat à Niamey, les deux pays tournent la page pour reprendre leurs projets communs: la Route transsaharienne et le Trans-Saharan Gas Pipeline (Tsgp)
AGI – Le premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine s’est rendu cette semaine en Algérie avec une délégation ministérielle pour une importante visite officielle, qui vise à relancer les relations entre les deux pays, refroidies depuis le coup d’État au Niger qui a chassé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum en juillet 2023. M. Zeine, qui est également chargé du ministère de l’Economie, est arrivé à Alger dimance 11 août, accompagné de sept ministres, dont ceux de la Défense, de l’Intérieur, de l’Industrie, des Transports et des Communications.
A Alger, le premier ministre nigérien a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune, à qui il a réitéré la volonté de son pays de renforcer la coopération avec l’Algérie, évoquant des projets communs « à lancer rapidement ». Parmi ceux-ci, l’achèvement de la Route transsaharienne qui, en passant par le Niger, devrait relier Lagos – au Nigeria – à Alger, connue aussi comme route de l’unité africaine. Les deux pays souhaitent également relancer un projet de zone franche pour intensifier les échanges.
Mais c’est surtout le projet stratégique du gazoduc Nigeria-Algérie, connu sous le nom de Trans-Saharan Gas Pipeline (Tsgp), qui a été au centre des discussions. Ce projet vise à transporter le gaz naturel des champs pétroliers du Nigeria – de Wari sur le fleuve Niger – vers l’Algérie, en passant par le Niger, d’où il sera ensuite acheminé vers l’Europe. Rachid Hachichi, PDG de Sonatrach, s’est récemment rendu à Niamey, où il a annoncé la reprise des activités de la compagnie pétrolière algérienne au Niger, après des années de fermeture.
Dans le cadre de cette même visite, le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a confirmé la volonté du groupe Sonatrach de soutenir la société nigérienne Sonidep et de développer ses capacités dans le domaine des hydrocarbures. M. Arkab a qualifié ce secteur comme « l’un des plus prometteurs pour la coopération entre les deux pays, compte tenu de l’expérience et des connaissances algériennes dans ce domaine et des ressources naturelles dont regorge le Niger ».
Une fois achevé, le Trans-Saharan Gas Pipeline (Tsgp) sera l’un des plus longs au monde, d’environ 4.128 kilomètres, dont 1.037 kilomètres sur le territoire nigérian, 841 kilomètres au Niger et 2 310 kilomètres en Algérie. Ce gazoduc, qui devrait transporter 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, vise à diversifier les sources d’approvisionnement en gaz de l’Europe, améliorer la sécurité énergétique de la région, contribuer à diversifier les sources d’énergie du continent et créer des emplois.
Cette visite a été également marquée par la rencontre entre le ministre de la Défense nigérien, Salifou Modi, et le chef d’état-major de l’armée algérienne, Saïd Chanegriha. Les deux hommes insistent sur la « consolidation de la coordination sécuritaire et de la coopération militaire bilatérale entre les armées des pays ».
« Cette coopération gagnerait, en effet, à être inscrite dans le cadre d’une nouvelle dynamique, sur la base d’échanges francs et constructifs à même de contribuer à la promotion de la paix et de la sécurité dans notre sous-région », affirme Saïd Chanegriha, réitérant le « rejet de l’ingérence étrangère, quelles que soient sa nature et ses objectifs ».
« Notre conviction est que les problèmes internes du continent africain ne peuvent être résolus qu’en interne, avec les compétences, les capacités et les forces vives des pays de notre continent », a indiqué le premier responsable de l’armée algérienne, Madjid Makedhi, comme le souligne le quotidien algérien El Watan.