APA-Yaoundé (Cameroun) – L’annonce, jeudi à Rabat (Maroc) par le comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), du passage à une Coupe d’Afrique des nations (CAN) à 24 équipes dès l’édition de 2019 qu’organise le pays, a laissé pantois bien de Camerounais, a constaté APA sur place.
Le sujet, qui n’a pas été repris par les journaux en raison de son annonce tardive, a aussitôt enflammé l’audiovisuel local et les réseaux sociaux.
Ce vendredi, il est également commenté avec passion dans les transports en commun et les lieux de grande concentration humaine de la capitale, Yaoundé.
Interrogé par APA Alliance Nyobia, journaliste au quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, laisse tomber : «Je suis plutôt étonné par ce changement de règle après une attribution faite sur la base de 16 équipes. La question devrait être à mon avis : « La CAF a-t-elle fait preuve de sérieux ? ».»
Cette règle ne peut pas s’appliquer à la CAN 2019, mais pour le développement du football en Afrique, croit savoir l’expert en communication Fritz-Jules Ebellé Eboumbou, pour qui cette évolution n’est envisageable qu’à partir de la CAN 2025, les éditions de 2019 à 2023 étant déjà attribuées comme c’est connu.
Le passage de 16 à 24 équipes est un challenge sérieux pour le Cameroun, philosophe Edmond Mballa Elanga, directeur du Livre au ministère des Arts et de la Culture : «Comment accueillir tant d’équipes alors qu’on n’en avait prévu que 16 ? Où les loger, comment les transporter, etc. ? Ce défi nous donne la possibilité de faire preuve de capacités organisationnelles qu’on nous connaît, et surtout de capacités d’anticipation. Cependant, la vraie question qui va se poser c’est : comment rentabiliser ensuite les infrastructures sportives après cette compétition ?»
Directeur de publication de l’hebdomadaire Diapason, François Mboké voit, dans cette décision de la CAF, une belle touche de balle pour définitivement écarter le Cameroun de l’organisation de la CAN 2019, lui qui ne pourra pas avoir le nombre d’infrastructures aux normes de la Confédération en si peu de temps.
«Cette décision, si elle venait à être confirmée, sonnerait le glas du rêve camerounais d’organiser la CAN en 2019, renchérit le consultant en marketing et communication Clément Tayo : «Pour notre pays, qui peinait déjà à se conformer au cahier des charges pour une compétition à 16 équipes, en accueillir 24, c’est carrément mission impossible !»
Il faudrait en effet, détaille-t-il, 6 stades homologués et des infrastructures hôtelières, hospitalières et de transport dimensionnées pour une capacité accrue de 50% par rapport aux objectifs actuels.
«Un esprit tordu serait tenté de voir, dans cette décision exceptionnellement rétroactive, un acharnement à détricoter les dernières décisions qu’a prises l’ex-président de la CAF, Issa Hayatou, en faveur de son pays avant de quitter l’instance en mars dernier.»
Le football africain a évolué, relativise le journaliste sportif Jean Baptiste Biayé : plusieurs nations caressent le légitime espoir de s’exprimer sur les stades et, à partir de ce moment, on verra jouer toutes les sélections, pour mieux jauger leur niveau et personne ne devra plus crier à la discrimination.
«A partir de ce moment, on connaîtra les pays qui sont véritablement capables d’organiser la compétition avec 24 équipes et 6 stades de compétition. A l’heure actuelle, parmi les 54 États du continent, ceux qui en sont capables se comptent sur le bout des doigts. Pour ce qui est du Cameroun, s’il veut, il peut. Il doit, par orgueil et par fierté, organiser la CAN en 2019 avec ces nouvelles décisions.»
Pour lui, le défi doit être relevé parce qu’en principe, la décision du comité exécutif de la CAF sonne comme un défi qu’il lance au Cameroun et une insulte, si le pays du président Paul Biya abdiquait : 47 ans après la CAN de 1972, le Cameroun n’a aucune raison de ne pas tenir le pari pour imposer sa respectabilité en matière de football sur le continent, lui le champion d’Afrique en titre.