Dans un entretien exclusif accordé à Ambitions, le PCA de la National School of Local Administration (NASLA) l’École Nationale d’Administration Locale parle des missions de cette prestigieuse école, de la gouvernance de Paul Biya, de ses passages au secrétariat général du Ministère des affaires sociales et du Ministère des Arts et de la Culture. Mais aussi du RDPC, de la crise dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest. D’autres sujets importants sont également abordés par cet Administrateur Civil Principal Hors Echelle.
Mouhtar Ousmane Mey, PCA de la NASLA Quel effet cela vous fait ? Vous vous sentez Comment ?
Mon cher NGUIAMBA Ericien, vous me connaissez depuis plus de dix ans maintenant. Vous savez très bien que ce que Dieu fait l’homme n’est rien pour s’en arroger le mérite. Hamdoulillah je me sens bien dans ma peau, je sens la main d’Allah, du Tout-Puissant qui après m’avoir accordé la grâce de vivre une carrière pleine et exaltante, doublée d’une santé presque parfaite, a bien voulu que je sois de nouveau appelé par le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, pour apporter ma modeste contribution dans le cadre de la décentralisation et du développement local. Je sens aussi le poids de la confiance renouvelée et de l’énorme responsabilité, juste quelques mois après mon admission à faire valoir mes droits à la retraite. En définitive c’est pour moi une bénédiction et une grâce que tout le monde n’a pas la chance d’avoir. Je saisis l’occasion idoine de cet entretien pour une fois de plus remercier très chaleureusement le Chef de l’Etat, pour cette marque de confiance et l’assurer de mon engagement habituel, de mon dévouement, à servir notre patrie sans relâche et avec abnégation.
Vous avez également été récompensé par une riche médaille qui vous élève à la dignité de Grand Officier de l’Ordre de la Valeur…
En effet, au titre du 20 mai 2020, le Chef de l’Etat, S.E. Paul BIYA, Grand Maître des Ordres Nationaux m’a promu au grade de Grand Officier de l’Ordre de la Valeur. Je lui en suis très reconnaissant et c’est avec une très grande fierté que j’ai reçu cette médaille des mains de Monsieur Georges ELANGA OBAM, Ministre de la Décentralisation et du Développement Local, le jour de mon installation par lui, dans mes fonctions de PCA de la NASLA. Mon satisfecit est grand, d’avoir décroché cette distinction après près de 30 ans de loyaux services au sein de l’administration camerounaise. Pour tout commis de l’Etat, C’est une juste récompense d’un travail bien fait et cela booste l’Homme à se surpasser. J’espère avec cette médaille, être le reflet/image pour mes jeunes confrères, de l’abnégation, la rigueur, la droiture morale, le respect de l’autorité et l’humanisme dans l’exécution de toutes les missions régaliennes qui m’ont toujours été confiées. Et j’ai cette chance inouïe de pouvoir encore apporter mes humbles efforts dans la construction de notre beau pays le Cameroun.
Après votre installation à Buea le 18 septembre, vous avez déjà présidé deux sessions du Conseil d’administration de la NASLA… Comment avez-vous trouvé l’ambiance au cours de ces travaux avec vos nouveaux collaborateurs ?
L’ambiance était studieuse les directives du MINDDEVEL étaient trop claires précises et concises. Je n’avais plus besoin de réitérer les instructions que nous avons tous reçues. J’ai tout simplement dis aux administrateurs ainsi qu’à la jeune équipe dirigeante que Time is money ! Trois mois à peine après la promulgation de la Loi instituant le Code Général des Collectivités Régionales et Locales, le Président de la République, par le décret N° 2020/111 du 2 mars 2020, a créé l’École Nationale d’Administration Locale (NASLA). Cela démontre à suffisance que nous devons nous mettre au travail et produire des résultats concrets. Je peux vous confirmer que, l’équipe est composée des Femmes et des Hommes disponibles, travailleurs compétents, dévoués et acharnés. La voici pour l’information complète des lecteurs de ce nouveau journal qui se veut une vitrine réelle, directe et accès vers le développement local. Pour mieux avoir une idée de ladite équipe, elle se présentait comme suit :
MIENE MINDOUMOU Robert Arnaud, Représentant de la Présidence de la République; Mme Hannah NJEKE NGOMBI, née NGEVE, Représentant des Services du Premier Ministre ; M. CHO NGU Ernest, Représentant du Ministère de la Décentralisation et du Développement Local ; M. YUFENYUI FAI YENGO Emmanuel, Représentant du Ministère des Finances ; M. NDZANA Louis de Gonzague Anaclet, Représentant du Ministère de l’Administration Territoriale ; M. TSIMI Serges, Représentant du Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative ; Prof. ABANE ENGOLO Patrick Edgard, Représentant du Ministère de l’Enseignement Supérieur ; M. NTYE NTYE Daniel Elisé, Représentant du Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale ; M. AKOA Albert Anicet, Représentant les collectivités Territoriales Décentralisées ; M. TANYITIKU ENOHACHUO BAYEE, Directeur Général de la NASLA ; Madame ONGOLO NYANGUINDA Lidwine, Directeur Général Adjoint de la NASLA. C’est donc cette équipe qui, dans un climat convivial et non moins studieux et de franche collaboration, a tablé sur 24 résolutions suivant les directives émises par le MINDDEVEL pour mettre en branle la machine NASLA.
Vous êtes désormais PCA de la NASLA comment comptez-vous mener à bon Port le Navire NASLA ? Vous qui lors des Bilans des ministres n’avez cessez de parler de navire pour les autres.
Merci de me lancer cette boutade qui en fait est certes la preuve que vous suivez la culture camerounaise, mais beaucoup plus pour moi, la preuve du sérieux avec lequel j’ai toujours pris mon travail. Permettez-moi de revenir un peu sur ma manière de voir. Je parlais en son temps, de navire et de Commandant car dans un bateau il y a un seul Commandant il est certes assisté d’une équipe, aussi grosse soit elle ; il est et demeure le Seul Chef à bord. Il s’agit pour moi de relever le caractère sérieux et indiscutable du Ministre parlant des départements ministériels. Je me devais de jouer mon rôle pleinement, entièrement avec diligence sincérité surtout sans induire le Commandant en erreur ni développer une artillerie de flagornerie susceptible d’endormir le Commandant. Quand vous avez la chance d’être écouté et suivi par le Chef l’équipage en général suit et normal mon cher Nguiamba, que l’atteinte des objectifs soit assez aisée. Ici à la NASLA, le contexte n’est pas le même, ma position n’est pas celle d’un subalterne mais elle n’est pas non plus celle du Commandant. Nous sommes un organe collégial, chargé d’apporter à la Direction Générale tout notre savoir-faire et savoir être afin que dans le stricte respect des lois et règlements en vigueur, les objectifs à nous tous assignés soient atteints de manière efficace et efficiente. Si vous vous rappelez bien, lors de la tenue du Grand Dialogue national qui s’est déroulé du 30 septembre au 4 octobre 2019, l’un des principaux résultats a été la rédaction et la promulgation de la Loi N° 2019/024 du 24 décembre 2019 sur le Code général des collectivités régionales et locales. Cette loi, qui définit l’orientation de la pratique de la décentralisation au Cameroun, donne aux Autorités régionales et locales l’autonomie pour gérer leurs affaires, dans le but d’assurer le développement de leurs juridictions et l’amélioration des conditions de vie de leurs populations.
Le Président du Conseil d’Administration, les Administrateurs tout comme la dream-team aux manettes vont tous sans exception mais avec l’œil critique nécessaire, converger vers l’accomplissement de la mission principale de la NASLA qui est celle de la formation des administrateurs dédiés à assurer la bonne marche des Collectivités Territoriales Décentralisées (CDT) et des régions ; vers la promotion effective des deux langues officielles, Français et anglais dans les programmes d’enseignement, afin que les diplômés de NASLA soient en mesure de servir avec toute facilité, dans n’importe quelle partie de la Nation où ils seront affectés ; de veiller à la prise en compte et au respect de l’égalité du genre au niveau du personnel de la NASLA ; de favoriser la méritocratie lors des différents concours; de s’atteler à la sensibilisation des autorités régionales et locales sur l’importance de recycler leur personnel dans la gestion de leurs collectivités décentralisées tout en mettant un accent sur le recrutement prioritaire des diplômés de la NASLA, selon les besoins des collectivités ; de rechercher des partenariats porteurs pour la NASLA. De faire de la NASLA, l’élite en matière de formation des personnels des Collectivités Territoriales Décentralisées en Afrique Sub-Saharienne.
Revenons sur ce 02 mars 2020, jour de signature par le Président de la République du décret créant la NASLA, institution on le rappelle dédiée à la formation des personnels venant des collectivités territoriales décentralisées et ceux aspirant y travailler. En quoi consistent ces formations ?
Comme le stipule l’article 5 organisant la NASLA, l’école assure la formation initiale diplômante, la formation continue et la recherche appliquée à la gestion des CTD. La formation initiale d’une durée de deux ans est destinée aux détenteurs des diplômes BEPC, BACC et Licence. Cette formation a deux filières à savoir : Administration et Gestion des politiques sociales avec deux options administration générale, gestion des politiques sociales. Et la filière Economie et Gestion des Finances avec deux options également gestion des finances, développement économique. La formation continue quant à elle dure de 3 à 6 mois et concerne surtout les personnels des CTD. Nous offrons aussi des formations spécifiques ou à la carte d’une durée de moins de 3 mois, selon les besoins de certains organismes ou opérateurs. Nous avons aussi tenu compte des personnels des CTD ou des personnes qui sont à l’étranger, en mettant en place des formations à distance à travers une plateforme e-learning qui est déjà opérationnelle.
Et si nous parlions de l’ex-CEFAM devenu NASLA, les locaux actuels peuvent-ils abriter ces formations ?
Il est vrai qu’ayant hérité des locaux de l’ex-CEFAM, la capacité d’accueil n’est pas adéquate aux ambitions visées par la NASLA. L’ex-CEFAM n’avait qu’une capacité de 150 élèves, alors que la NASLA entend former autour de 500 à 1000 apprenants par cuvée. Mais je préfère que des questions techniques et pointues soient adressées au DG. Il saura mieux que moi vous apporter un éclairage plus adéquat.
A propos du COVID-19, quelle politique a adopté la NASLA ?
Comme toutes les institutions académiques, la NASLA s’est arrimée aux prescriptions édictées par le Chef de l’Etat. Cette situation sanitaire mondiale nous a amené à revoir le système d’internat qui prévalait à l’époque de l’ex-CEFAM, en le supprimant pour le moment. Tout le personnel et les élèves sont sensibilisés aux mesures barrières et l’équipe dirigeante veille au strict respect de celles-ci. C’est aussi dans cette optique que les cours en ligne ont été mis en place.
A quand le lancement du concours tant attendu pour la formation initiale ?
Je vous rassure dans les tous prochains jours. Avant cela, des préalables sont en train d’être mis en place, soyez juste un peu patient. Le Gouvernement lui-même est impatient de faire lancer ce concours.
Vous avez été Secrétaire Général au Ministère des affaires sociales, puis Secrétaire général au Ministère des arts et de la culture…Quels souvenirs gardez-vous de votre passage dans ces deux départements Ministériels ?
Mon passage dans ces deux départements ministériels comme Secrétaire Général m’a beaucoup édifié sur l’action gouvernementale dans le secteur du développement social pour le Ministère des Affaires Sociales et dans le secteur des industries et services pour le Ministère des Arts et de la Culture. La réalité sur le terrain m’a démontré que, aucun secteur n’est à laisser pour compte, c’est une chaîne d’actions dont les rouages doivent être bien huilés, afin que le PNB de la nation prospère. Ainsi, je salue la clairvoyance du Chef de l’Etat, S.E. Paul BIYA d’avoir instruit l’inscription de la culture comme secteur porteur de l’économie nationale. Ces deux expériences, l’une dans l’émergence du bien-être de l’Humain et l’autre dans la préservation, la conservation et la vulgarisation de sa culture ancestrale m’ont définitivement prouvé que, ce village planétaire dans lequel nous évoluons ne peut continuer à respirer et vivre sans l’Homme et sa culture. En outre, lors de ce passage j’ai eu l’honneur de côtoyer des dirigeants, des collaborateurs et des confrères de diverses obédiences (institutionnelles, académiques, culturelles…) qui ont enrichi mon CV de la vie.
Au plan politique, vous êtes un militant du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), comment se porte ce parti politique dans votre région au moment où on observe la montée d’une nouvelle opposition au Cameroun ?
En effet, je suis membre Titulaire du Comité Central du RDPC. Je suis un militant des premières heures, ayant eu l’opportunité de travailler avec d’autres très hautes personnalités du RDPC notamment, Feu le Ministre Adoum Gargoum (de regrettée mémoire), l’Inspecteur Général en retraite MAHAMAT Amine Abouya et bien d’autres sur le Plan départemental, au niveau Régional j’ai eu le privilège de faire plusieurs fois partie, de l’équipe conduite par Le Très honorable CAVAYE Yéguié Djibril, notamment lors des élections présidentielles de 2011 et au niveau central, l’honneur d’être désigné par le Président National du RDPC, S.E.PAUL BIYA. En effet, dans le cadre de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, le Secrétaire Général du Comité Central du RDPC, en application des dispositions de la circulaire No 002/RDPC/PN du 03 août 2018, j’étais responsable de la commission spéciale de coordination de ladite campagne à l’étranger En tant que Président alors que et le grand diplomate FOZEIN KWANKE Thomas, en était le Chargé de Mission. Nous avons accompagné et coordonné l’action des sections extérieures du Parti au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Tchad ; et mobiliser les électeurs en faveur du candidat du RDPC dans les pays où il n’en existe pas, en l’occurrence, au Libéria et au Nigéria, deux pays ayant en partage l’anglais comme langue officielle. D’une manière générale, l’équipe devait assurer au Président National une victoire éclatante dans sa zone d’intervention. Sans fioriture nos résultats étaient élogieux. Revenant à votre question, l’Extrême-Nord qui est assez vaste a toujours été fidèle au RDPC et lui a toujours apporté une part non négligeable dans les différentes victoires lors des différents suffrages politiques. La fille ainée du renouveau qui vient de bénéficier du Statut Spécial va devoir se remettre au travail, taire les querelles internes inopportunes pour une région qui a beaucoup de difficultés mais peu de moyens, beaucoup de potentialités mais se perd beaucoup en conjectures.
En dehors de vos activités à la tête du Conseil d’administration de la NASLA et de vos activités politiques, comment vous vous occupez aujourd’hui ?
Tout en assurant mes nouvelles fonctions qui somme toute ne sont pas de tout repos, je me consacre à ma famille, la lecture, au sport, à la religion, au développement de ma région avec la mise et le suivi de plusieurs projets agropastoraux encadrés par des GIC et autres Coopératives.
Le 24 mars le RDPC sera en fête, quel témoignage pouvez-vous faire du règne du Président Biya et sa politique de gouvernance ?
En trois décennies, je peux dire que, sous le règne du Président Paul BIYA, la démocratie a connu une grande ouverture. Voyez seulement le nombre de partis politiques que nous avons sur la scène nationale et dont certains représentants occupent des sièges à l’Assemblée Nationale, au Sénat et j’en passe. Sous son règne, il y a eu des élections présidentielles, législatives et municipales. Le Président a pris à corps la problématique de l’emploi des jeunes, la santé des Camerounais. Malgré la guerre contre Boko-Haram au Nord et la crise anglophone au NOSO, il ne s’est jamais lassé de chercher des solutions pour la stabilité et la paix dans le pays. De grands chantiers sont à pied d’œuvre dans tout le triangle national et sa politique étrangère a permis de glaner l’organisation de grandes compétions sportives internationales, facteurs de développement.
Justement en parlant de la crise au NOSO, que pensez-vous des récents évènements survenus dans les écoles, vous qui êtes appelé à administrer un institut de formation dans l’une de ces Régions ?
A moins d’être inhumain, nul ne saurait être fier de ces actes de barbaries perpétrés sur nos enfants qui sont l’avenir de notre Nation. Je constate avec une certaine satisfaction que toute la communauté nationale et internationale s’est unie d’une même voix pour dénoncer ces agissements. Les enfants dans la tradition africaine sont une richesse, donc sacrés, l’éducation qui est un vecteur de développement est sacrée. Alors S’en prendre à l’institution qu’est l’éducation et aux enfants qui sont innocents dans les conflits engendrés pour des intérêts discutables est tout simplement condamnable. Dans toute société les intérêts divergent toujours, cela ne devrait pas nous ramener à l’état animal où nous n’avons plus de conscience et de ce fait vouloir ramener notre pays des décennies en arrière. L’éducation d’une nation conduit au développement de celle-ci et donc préservons-la. Cela reste mon crédo que je compte insuffler dans cet institut de formation.
Un mot de fin… Ce sera lequel ?
Que la paix revienne dans nos cœurs pour la bonne marche du pays et que chacun mette le pied à l’étrier dans quelque domaine qu’il soit pour UN CAMEROUN UN ET INDIVISIBLE.
Entretien avec Ericien Pascal Nguiamba (journal AMBITIONS)