L’ONU vient de publier un Rapport sur les exactions commises en République Centrafricaine depuis les évènements de 2003. Critiqué par le Tchad et découvert, comme tout le monde par les nouvelles autorités de la RCA, ce Rapport de l’Onu est diversement apprécié. Réaction des autorités tchadiennes, et du Chef de l’Etat centrafricain.
Ce rapport détaille les crimes les plus abominables commis en Centrafrique : des villages entiers brulés, des viols collectifs, massacres, tortures, bref l’on parle de plus de 600 violations graves des droits de l’homme commises par les milices ou forces armées. Le rapport destiné à la cour pénale spéciale de la Centrafrique concerne les crimes entre 2003 et 2015. Il recense les graves violations du droit international relatif aux droits de l’homme et au droit international humanitaire commises par des forces gouvernementales successives et divers groupes armés locaux et étrangers, ainsi que par des forces de défense internationales et étrangères. Cette enquête de l’ONU détaille 620 crimes commis par des militaires ou des groupes rebelles en Centrafrique entre 2003 et 2015, dont de nombreuses exactions avec morts de civils impliquant des soldats tchadiens.
Principales accusées, les forces tchadiennes qui formaient le plus important contingent de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) de décembre 2013 à mi-avril 2014. Elles seront même retirées prématurément suite aux graves accusations d’exactions sur les populations. Après la publication de ce document, le gouvernement tchadien est monté au créneau pour critiquer ce Rapport. « Le gouvernement du Tchad proteste vivement contre ce rapport rédigé à charge », « truffé d’allégations mensongères, diffamatoires et attentatoires à la dignité des soldats tchadiens », écrit le ministre de la Justice tchadien Ahmat Mahamat Hassan dans une lettre datée du 24 mai 2017 et adressée au Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Par ailleurs, le Tchad se réserve « le droit de reconsidérer (ses) relations avec les différentes instances des Nations unies », écrit son ministre de la Justice. La Centrafrique a basculé dans la violence en 2013 avec le renversement de l’ancien président François Bozizé par des groupes armés Séléka pro-musulmans, entraînant une contre-offensive des milices à majorité chrétienne anti-balakas.
Le Rapport de l’ONU indique que l’intervention de la France (de décembre 2013 à octobre 2016) et de la force de la Minusca (12.500 Casques bleus) a ramené le calme dans la capitale Bangui, même si la violence des groupes armés a redoublé ces dernières semaines dans l’intérieur du pays. Un Rapport de la Minusca faisait état de 26 morts à Bangassou. Le Tchad a donc été souvent montré du doigt pour soutenir les rebelles de la Séléka. En dehors des exactions des soldats tchadiens, notamment dans la mort de civils, le Rapport de l’ONU vise également d’autres personnes. En effet, en janvier 2017 la justice française à clos plusieurs enquêtes à l’encontre de 14 soldats français, sur des viols présumés qui auraient été commis en Centrafrique pendant l’opération Sangaris entre décembre 2013 et juin 2014.
Interrogé le 8 juin 2017 à Bangui par les journalistes de la chaine de télévision panafricaine Afrique Média au sujet de ce Rapport de l’ONU, le Chef de l’Etat centrafricain, le Pr. Faustin-Archange Touadéra avait alors déclaré avoir reçu ce Rapport comme tout le monde. Il avait même expliqué aux journalistes qu’il n’était pas concerné par ce Rapport qui relate les faits qui se sont déroulés avant sa prise de pouvoir. « C’est un rapport des nations unies auquel nous ne sommes pas associé puisque nous avons reçu ce rapport au même titre que tout le monde. Il fait une cartographie des évènements qui ont eu lieu depuis 2003 jusqu’à 2015, comme vous le savez nous n’étions pas là, donc le gouvernement n’est pas associé à ce rapport. Nous avons mis en place la Cour pénale spéciale, bientôt les juges vont prêter serment. Notre volonté, et celle du gouvernement centrafricain, c’est d’être en bon terme avec tous les voisins et que nous entretenions de bonnes relations. Le nouvel ambassadeur du Tchad a déjà présenté ses lettres de créances. Nous sommes entrain de travailler pour la mise en place de la commission mixte. Nous travaillons dans le sens de renforcer notre coopération » déclarait à Afrique Média, l’actuel président centrafricain.