Outre la Russie qui exige un règlement pacifique de la crise au Niger, des pays du continent s’opposent à l’option militaire de la CEDEAO. Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) poursuit sa campagne de sensibilisation et de communication auprès des dirigeants africains. Pour expliquer les mobiles du coup de force du 26 juillet 2023 et la nouvelle vision politique de ce pays dont les plus importantes ressources naturelles sont l’or, le fer, le charbon, l’uranium et le pétrole.
Par Ericien Pascal
Alors que l’option militaire est de plus en plus évoquée par la CEDEAO, le président russe Vladimir Poutine et le président de la transition malienne Assimi Goïta appellent à un règlement pacifique de la crise au Niger. Au cours de cet entretien téléphonique, qui a eu lieu « à l’initiative malienne », Vladimir Poutine et Assimi Goïta ont « souligné l’importance de régler la situation autour de la République du Niger uniquement par des moyens pacifiques politico-diplomatiques », a précisé la présidence russe dans un communiqué.
Le Tchad fait partie des pays du continent ouvert au dialogue ave les nouveaux dirigeants de Niamey. Le chef du gouvernement formé à l’issue du coup d’État au Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine, vient d’ailleurs d’effectuer une visite au Tchad où il a été reçu par le président Mahamat Idriss Deby Itno. « Le Premier Ministre, chef du gouvernement (…) Saleh Kebzabo a accueilli ce mardi 15 (août 2023) le Premier ministre du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) du Niger, M. Ali Mahaman Lamine Zeine en visite de travail au Tchad », a écrit la primature dans un message sur Facebook. Il a été reçu par le président Mahamat Idriss Deby à qui il a remis un message du président du CNSP, a précisé la direction générale de la presse présidentielle à l’AFP.
Le Cap-Vert est l’un des pays à avoir fait part de son opposition à l’option militaire par la voix de son président José Maria Neves. « Nous devons tous œuvrer pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger, mais en aucun cas par une intervention militaire ou un conflit armé en ce moment », a-t-il déclaré.
Le Burkina Faso avait déjà donné sa position par un soutien total aux nouveaux dirigeants du Niger face une quelconque agression ou attaque armée.
La Guinée Conakry n’est pas en reste. Le chef d’Etat guinéen, le colonel Mamadi Doumbouya, s’était déjà entretenu à Conakry avec une délégation conduite par le général nigérien Moussa Salaou Barmou. Le général Barmou avait déclaré être venu « remercier les autorités guinéennes pour leur soutien au CNSP [Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, qui a pris le pouvoir au Niger le 26 juillet] pendant ces moments difficiles que traverse le Niger ».
En rappel, les auteurs du coup d’État au Niger ont annoncé leur intention de « poursuivre » le président renversé Mohamed Bazoum pour « haute trahison » et « atteinte à la sûreté » du pays. Des menaces de poursuites judiciaires que la CEDEAO qualifie de nouvelle « provocation » des autorités militaires à Niamey.
En rappel, le 26 juillet 2023, un coup d’État est organisé par une partie de l’armée. Le président Mohamed Bazoum est destitué et les institutions politiques suspendues. Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie prend le pouvoir. Le général Abdourahamane Tchiani, l’ancien chef de la garde présidentielle depuis 2011, est l’actuel chef de l’Etat..
Les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest réunis le 30 juillet à Abuja en sommet spécial, avaient adressé un ultimatum d’une semaine aux militaires pour restaurer l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un « recours à la force ». Une option quasiment contraire à la position de L’Union africaine qui a également rejeté le recours à la force militaire pour régler la crise de la prise du pouvoir par les militaires au Niger, et ce, lors d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine, tenue dans la journée du lundi 14 août 2023.