Le groupe de contact de la « caravane des Chefs Traditionnels pour la paix au Cameroun » était face à la presse nationale et internationale le 17 juillet 2019 au Monument de la Réunification à Yaoundé. Sa Majesté Mbassi Bessala Prosper Parfait, Coordonnateur National du Conseil Panafricain des Autorités Traditionnelles et Coutumières(CPATC), le Secrétaire Coordonnateur Afrique centrale, Sa Majesté Essoa Etoga Gabriel Sylvain et tous les autres chefs traditionnels ont décidé de mettre un terme à la Crise qui secoue le pays. L’intégralité de leur message.
« Mesdames et Messieurs,
Depuis des années qui nous parraissent désormais très longues, notre peuple souffre. Il ne souffre plus seulement des attaques terroristes extérieures qu’il condamne à l’unanimité et contre lesquelles nos vaillants militaires combattent jusqu’au sacrifice suprême.
Désormais, le mal est en plus interne. Notre peuple se déchire. Des camerounais s’entretuent. La haine et le tribalisme atteignent des sommets insoupçonnés. Chaque jour hélas, l’horizon s’obscurcit. Notre vivre ensemble est en péril.
Au prétexte de vouloir conquérir le pouvoir, de vouloir conserver le pouvoir, ou de vouloir une autonomie, certains de nos compatriotes n’hésitent pas à user de la violence, à causer la destruction et la désolation, à faire couler du sang.
Dans nos villes et villages, nous entendons les pleurs. Nous voyons des mares de sang. Nous constatons un exode forcé des populations.
Des familles sont détruites et des destins brisés. Cela n’a que trop duré.
Nous Chefs traditionnels, sommes ici aujourd’hui, à la suite de notre rencontre de Batchenga le 22 juin dernier, pour parler à nos enfants, à nos populations, à la communauté nationale.
Nous avons longtemps mais hélas en vain, espéré que les uns et les autres retrouveront la raison et le sens de patriotisme.
Aucune ambition personnelle ne peut servir de prétexte pour anéantir des vies humaines et détruire des années de dur labeur.
Nous rappelons à nos hommes politiques de tous bords confondus, qu’ils doivent d’abord et avant tout, être des hommes de service. Ils doivent servir leur peuple et non l’asservir.
Les hommes politiques doivent débattre et non combattre.
Nos tribus si importantes dans la construction nationale et si riches culturellement, ne doivent pas être instrumentalisées à des fins politiques.
Les Chefs traditionnels réunis à Batchenga et tous les autres qui nous ont rejoints depuis cette rencontre, ont décidé de se rassembler et de prendre leurs responsabilités.
Une caravane de Chefs traditionnels pour la paix sillonnera le Cameroun dans les jours, semaines et mois à venir. Toutes les regions seront visitées. A chacune des étapes, elle s’adressera aux acteurs socio et à toutes les parties prenantes à cette crise.
Avec la grâce de Dieu et l’inspiration de nos ancêtres, nous mettrons tous nos savoirs africains à contribution, pour que la paix règne à nouveau dans notre pays et que l’amour des camerounais les uns pour les autres, ne soit plus pris à défaut.
Nous exigeons que les discours de haine cessent.
Nous nous ferons l’obligation de porter le message de paix à ceux qui croient à tort pensons nous, qu’aucun avenir commun n’est plus possible.
Nous rencontrerons et porterons un message de fraternité et d’espérance à ceux dont le désir et l’aspiration légitime à la liberté se trouvent contrarié.
Nous inviterons nos enfants et leurs encadreurs à reprendre le chemin de l’école.
Notre volonté est que la communauté nationale laisse à nos enfants un Pays où il fait bon vivre, et laisse à notre Pays, des enfants qui sauront en prendre soin pour les générations futures.
L’école est essentielle.
Elle doit survivre et dépasser toutes les crises.
Nous invitons chaque Chef traditionnel dans sa localité et au sein de sa communauté, à apporter amour, encadrement et sécurité à tous nos enfants, sans discrimination, filles et fils de notre cher et beau Pays .
Notre message aux acteurs socio-politiques est clair : Débattez de tout ce que vous voulez, où vous voulez et quand vous voulez. Mais faites-le dans la paix et dans l’unité des camerounais, car aucun de vous n’a reçu mandat pour spolier ou détruire ce pays.
Quelle que soit votre posture politique, nous vous considérons comme nos enfants, les enfants de la tradition africaine.
Vous pouvez vous opposer les uns aux autres sur les idées. Mais vous ne pouvez pas vous opposer à votre Pays et à votre Peuple qui en a assez.
Revenez à la raison. Parlez-vous. N’attirez pas sur vous le courroux de nos ancêtres et la foudre de Dieu.
En tant que gardien des traditions, nous disons malheur à celui à cause de qui, le sang coulera de nouveau. Notre sol ne doit pas se nourrir du sang de ses enfants. Les conséquences seraient spirituellement et physiquement catastrophiques pour le Pays, pour nous et pour les générations futures.
L’initiative de cette Caravane pour la paix se situe au-dessus de toutes les chapelles partisanes. Aucun signe d’appartenance politique ne sera admis au cours de ce déploiement des Chefs traditionnels.
Nous invitons toutes les camerounaises et tous les camerounais à se mobiliser à nos côtés en faveur du retour à la paix.
Nous les invitons à rester à l’écoute au moment où la Caravane fera escale dans leur région.
Nous avertissons tous les acteurs, que nous saurons être vigilants, avant, pendant et après le dialogue qui s’annonce, afin de nous assurer que seul l’intérêt du Cameroun est pris en compte.
A ceux qui croient qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent, que ce pays leur appartient à eux seuls, qu’ils peuvent détruire, brûler, tuer, piller, insulter, humilier, les Chefs traditionnels impliqués dans la Caravane pour la paix disent ça suffit, et s’engagent à ce que cela soit entendu et respecté, au nom du Dieu tout puissant et l’intercession de nos ancêtres.
Je vous remercie pour votre attention. »
*Sa Majesté Ness ESSOMBEY NDAMBWE Rapporteur Chargé de la Communication en langues Française du Groupe de Contact de la Caravane des Autorités Traditionnelles et Coutumières pour la Paix et le Vivre-ensemble au Cameroun.