Les explications du Coordonnateur Général de l’Observatoire du Développement Sociétal, sur un rôle que croit jouer son ONG au Cameroun et qui suscite la polémique. Interview exclusive.
De plus en plus, L’Observatoire du Développement Sociétal (ODS) se présente comme une sorte de Médiateur de la République au Cameroun. Ailleurs, c’est une personnalité morale indépendante, certes, mais prévue dans la Constitution et nommée par le président de la République…
Je pense qu’il faut mieux expliquer les choses pour ne pas créer la confusion. En France, le Médiateur de la République ou Défenseur des droits comme on l’appelle depuis 2011 à la suite de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, est une autorité administrative indépendante nommée par décret présidentiel et chargée de défendre les droits des citoyens face aux administrations et promouvoir la mise en œuvre de l’Etat de droit. A ce titre, il dispose de prérogatives particulières en matière de promotion des droits de l’enfant, de lutte contre les discriminations, la corruption, etc. Vous avez certainement eu connaissance du rapport de cette institution de février 2020, dans lequel il était relevé un problème majeur d’accès aux services publics et aux droits à Mayotte, territoire français d’outre-mer. Il se trouve, en effet, que dans ses missions, l’ODS sert au quotidien de trait d’union entre les citoyens et les pouvoirs publics, en vue de la mise en œuvre de l’État de droit.
Nous recevons dans nos bureaux et ce tous les jours, des personnes qui nous soumettent des cas d’abus dont elles ont fait l’objet de la part des fonctionnaires ou des administrations publiques, cadres d’entreprises publiques, parapubliques et même privées, du système bancaire, etc. Et sans tambours battants, nous diligentons des actions qui aboutissent soit à des arrangements sous notre arbitrage, soit à des procès en justice avec notre assistance parce que, faut-il le préciser, à l’ODS nous disposons des expertises dans presque tous les domaines.
Si nous nous comprenons bien, l’Etat n’ayant pas prévu une telle institution et, la nature ayant horreur du vide comme on dit trivialement, l’ODS joue les bouche-trous ?
(Rire). Nous ne jouons pas les bouche-trous. Face à un certain nombre de réclamations et plaintes qui fusaient de la part des citoyens, en tant qu’Organisation Gon gouvernementale (ONG), nous nous sommes sentis le devoir, à travers le dialogue et la médiation, de garantir ou d’aider à faire garantir les droits fondamentaux des Camerounais.
Les services de médiation de l’ODS sont-ils rémunérés ?
Depuis sa création en 2009 et en sa qualité d’association à but non lucratif, l’ODS offre gracieusement ses services aux usagers à leur demande. Nous les aidons simplement à régler leurs différends avec l’administration, les services publics et même les entreprises publiques.
Sauf qu’on vous a vu ses derniers temps, défendre également le gouvernement et plus particulièrement l’armée lorsque celle-ci était accusée d’exactions, notamment dans la guerre contre Boko Haram et les groupes sécessionnistes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest…
Vous oubliez aussi de vous souvenir qu’il y a deux ans, nous avons saisi le président de la République et organisé des manifestations afin qu’une enquête soit ouverte sur les détournements de deniers publics présumés d’environ 600 milliards FCFA dans le cadre des chantiers de la Coupe d’Afrique des nations au Cameroun. A aucun moment nous n’avons défendu le gouvernement. Il y a eu un certain nombre d’accusations d’exactions sur des civils sans le moindre recoupement et sans la moindre retenue contre l’armée camerounaise, en terrain d’opérations soit dans l’Extrême-Nord, soit dans le Nord-Ouest ou le Sud-Ouest, de la part des ONG internationales et particulièrement de Human Rights Watch. Elle a systématiquement réfuté la version officielle et même rejeté les rapports d’enquêtes publiés par les autorités qui ont la possibilité de fournir la bonne information de terrain. Quelles peuvent être les visées d’un tel activisme si ce n’est de saper le moral des troupes à des fins de déstabilisation du Cameroun ?
Entretien avec Ericien Pascal Nguiamba