Le Président des Etats-Unis Donald Trump a affiché lundi sa volonté de travailler en étroite collaboration avec le Nigeria dans la lutte anti-terroriste en recevant Muhammadu Buhari, premier dirigeant d’Afrique sub-saharienne invité à la Maison Blanche depuis son arrivée au pouvoir.
Louant son excellente relation avec le président Buhari, qui briguera un nouveau mandat en 2019, M. Trump a relevé ses efforts dans la lutte contre la corruption à la tête de la « plus grande démocratie d’Afrique ».
Mais il a surtout salué son « leadership » dans la lutte contre le terrorisme. « Le Nigeria a été un des premiers pays africains à rejoindre la coalition pour vaincre le groupe Etat islamique et les forces nigérianes mènent les efforts régionaux contre l’EI en Afrique de l’Ouest », a-t-il souligné, mentionnant aussi la lutte contre Boko Haram « un autre groupe jihadiste impitoyable ».
Le Nigeria entre dans sa 9e année de lutte contre Boko Haram, qui a dévasté le nord-est du pays. Le conflit a fait plus de 20.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.
Le locataire de la Maison Blanche a également affiché sa volonté d’aborder la question des chrétiens « tués, assassinés » au Nigeria. « Nous allons travailler sur ce problème car nous ne pouvons accepter une telle situation », a-t-il lancé.
Le centre du pays, point de rencontre entre un Nord majoritairement musulman et un Sud principalement chrétien, est régulièrement le théâtre de vives tensions intercommunautaires. La région connaît depuis des mois un regain de tensions entre agriculteurs chrétiens et éleveurs nomades musulmans.
Muhammadu Buhari est devenu, en 2015, le premier dirigeant nigérian d’opposition à battre un président sortant au cours d’une élection considérée comme libre et légitime.
– « Rectifier le tir » –
Les relations entre l’Afrique et Donald Trump ont été durablement marquées par les propos de ce dernier qui avait évoqué, selon des participants à une réunion en sa présence à la Maison Blanche, des « pays de merde » à propos de Haïti et des pays africains.
Interrogé sur cet épisode qui avait suscité de vives protestations sur le continent, M. Buhari a préféré rester à l’écart de la polémique. « Je ne suis pas certain de l’exactitude de ces propos, le mieux pour moi est donc de me taire », a-t-il simplement répondu.
Prenant la balle au bond, M. Trump a assuré que le sujet n’avait pas été abordé, sans pour autant contester avoir tenu les propos injurieux. « Il y a des pays qui sont en très mauvais état et où les conditions de vie sont très difficiles », a-t-il affirmé.
Le limogeage brutal, en mars, du secrétaire d’Etat Rex Tillerson alors qu’il se trouvait en visite officielle au Nigeria pour sa première tournée africaine, n’ont fait que renforcer l’image d’un président qui se soucie peu de ce continent.
Nombre de postes de haut-niveau sur l’Afrique sont par ailleurs toujours vacants au sein du département d’Etat.
« L’administration voit peut-être cette visite de Buhari comme une occasion de rectifier le tir, même s’il est peu probable qu’elle le formule ainsi », souligne John Campbell, du Council on Foreign Relations, qui fut ambassadeur des Etats-Unis au Nigeria de 2004 à 2007.
Sur le fond, la coopération entre les deux pays s’est améliorée au cours de l’année écoulée.
Peu après son arrivée au pouvoir en 2015, M. Buhari, avait reproché au président Barack Obama d’avoir refusé de vendre des armes au Nigeria pour lutter contre Boko Haram.
Mais l’administration Trump a changé de position en autorisant la vente au Nigeria d’avions Super Tucano d’une valeur de 500 millions de dollars, des appareils de surveillance et de soutien tactique, qui doivent être livrés en 2020.
« Nous travaillons sur un très gros accord portant sur de l’équipement militaire », a souligné M. Trump évoquant en particulier des ventes d’hélicoptères
Texte de Mohamadou Houmfa