Ils ont participé du 3 au 6 avril 2024 dans la capitale togolaise à un atelier de formation des formateurs des Acteurs de Médias sur les Droits en Santé Sexuelle et de la Reproduction. Cet atelier organisé par IPAS Afrique Francophone a permis à ces professionnels des médias venus du Burkina Faso, du Tchad, du Benin, du Cameroun, du Togo, du Mali, du Sénégal, de la Guinée, de Madagascar, de la Côte d’Ivoire et de la Mauritanie, de renforcer leurs capacités connaissances et compétences sur plusieurs thématiques et de partager des expériences diverses. Echos de cette session de formation et réaction des participants.
Par Ericien Pascal Nguiamba Bibiang à Lomé
Hôtel le Petit Brussel à Lomé le 2 avril 2024, il est 20h, heure locale, 21 heure en Afrique centrale. Une ambiance particulière règne dans cet établissement hôtelier situé en bordure de mer au quartier Baguida commune Golfe 6. C’est dans ce cadre féerique qu’IPAS Afrique Francophone a logé les journalistes participants à l’atelier de formation des formateurs des Acteurs de Médias sur les Droits en Santé Sexuelle et de la Reproduction dont les travaux ont débuté le 3 avril 2024. Le facilitateur, le béninois Docteur Adanvo Isaac Houngnigbe, par ailleurs Journaliste scientifique a dirigé avec brio les travaux de cet atelier.
Au programme, Clarification conceptuelle sur les notions de base en DSSR : Présentation sur les droits en santé sexuelle et de la reproduction (Définition des termes) ; Analyse des défis actuels liés aux DSSR en Afrique ; Présentation des TDR de l’exercice de maison sur l’analyse critique de productions journalistiques abordant les thématiques DSSR.
Les professionnels des médias ont été outillés sur comment Identifier le sujet, l’angle et l’histoire dans le domaine des DSSR en s’inspirant notamment des journées internationales des Nations Unies relatives aux DSSR, et en s’inspirer de l’actualité des DSSR.
Autre module de formation, les Genres journalistiques et DSSR ; Les sources d’informations fiables sur les DSSR à savoir les Rapports gouvernementaux, les thèses, les rapports techniques, les documents de travail, guides, lois, les Personnes ressources etc. Les apprenants ont aussi retenu les termes, expressions (éviter un langage stigmatisant) et images adaptés quand on communique sur des thématiques sensibles en DSSR : cas de l’avortement.
En ce qui concerne l’Éthique journalistique dans le contexte de la santé sexuelle et reproductive y compris les soins d’avortements sécurisés, le Docteur Adanvo Isaac Houngnigbe a insisté sur la vérification des faits. Toujours aller à la source de l’information, éviter de se contenter des “ont dit”, équilibrer l’information et donner toujours la parole aux experts en cas de parole non experte (vox populi, acteurs non spécialistes du sujets), pour exprimer ce que dit la science et déconstruire les fakenews ou infox. Avec en prime la protection des sources.
Comme à l’école, et dans une ambiance conviviale, les travaux de groupes ont non seulement permis aux participants de présenter au sein des groupes des projets individuels de production, Mais aussi de les amener, en toute indépendance et transparence professionnelle de sélectionner un projet de groupe parmi les projets individuels et de le présenter en plénière pour des discussions dans l’optique d’enrichir tous les six projets de groupes présentés.
Le module sur les Genres journalistiques et DSSR a permis aux participants de comprendre qu’il est préférable de privilégier comme genre informatifs l’Entretien ou interview, l’Enquête ou investigation ou encore le Dossier spécial.
Quant aux Genres d’opinion, il faut privilégier la Tribune (par un expert ou une personne ressource du domaine des DSSR).
Le facilitateur n’a pas manqué d’édifier les participants sur les concepts clés en Droits et Santé Sexuels et Reproductifs à savoir Santé sexuelle ; Droits sexuels ; Santé reproductive ; Volets de la santé de reproduction ; Droits reproductifs ; Education complète à la sexualité. Et les composantes essentielles de l’éducation complète à la sexualité notamment le genre, la santé sexuelle et reproductive et le VIH, les droits sexuels et la citoyenneté sexuelle, le plaisir la violence, la diversité et les relations. Les participants ont aussi beaucoup appris, exemple à l’appui, sur la contraception, la Vulnérabilité, la Résilience, la Stigmatisation, la Marginalisation, la Discrimination et les violences basées sur le genre (vbg). Ici le facilitateur a dressé une liste de ces VBG à savoir le viol, l’agression sexuelle, l’agression physique, les mariages forcés, les violences psychologiques et émotionnelles etc..
En ce qui concerne les Avortements, l’on retiendra qu’il existe des avortements spontanés ou provoqués, les avortements sécurisés, les avortements médicamenteux, les avortements auto-administrés. Au cours de cet atelier, les exercices pratiques, le visionnage de certaines productions ont permis aux participants d’améliorer davantage la compréhension des thématiques.
REACTIONS
« L’atelier de Lomé m’a apporté beaucoup de choses, notamment comment transmettre tout ce que j’ai appris là-bas, à la conférence de rédaction dans mon travail. Ça m’a ouvert la vue c’est-à-dire ma perception sur les questions d’avortement et puis les réalités que vivent d’autres pays. Ce que j’ai appris de particulier dans cet atelier , c’est le fait d’accepter que les filles puissent se faire avorter si elles le désirent , que les pays qui ont adopté cette loi là ont moins de taux d’avortement que les pays qui refusent de libéraliser cela ; c’est vraiment quelque choses on croyait que quand on va libéraliser cela , les avortements vont se faire plus, mais c’est tout le contraire et puis en particulier j’ai connu beaucoup de personnes , la façon de faire les exercices, les travaux de groupes, et de connaitre les réalités des autres pays m’ont vraiment plu » a déclaré Alexis KPEGLO Essi du Togo avant d’ajouter que « Ce qui m’a le plus marqué c’est la participation et le dynamisme de tout le monde, les participants et surtout le facilitateur qui maîtrise son travail et je vois que IPAS impacte beaucoup dans le domaine de la DSSR car il met toutes les ressources qu’il faut pour pouvoir former ».
Flore NOBIME du Benin est sur la même longueur d’ondes : « L’atelier de Lomé m’a apporté beaucoup d’éclairages sur des questions que je me posais sur comment aborder des sujets sensibles, spécifiquement ceux relatifs à l’avortement. Il y a des mots ou des expressions auxquels nous ne faisons parfois pas attention alors qu’ils sont stigmatisant. Je retiens aussi de l’atelier de Lomé les nombreuses sources d’information fiables auxquelles nous pouvons nous référer dans le cadre de notre travail sur les DSSR. Au-delà de la convivialité et du fait de faire connaissance avec d’autres confrères, j’ai été marquée par le sérieux et l’intérêt que l’atelier a suscité en chacun des participants. J’ai vu des femmes et des hommes déterminés et engagés à mettre le paquet pour faire des DSSR une réalité dans leurs pays respectifs. » a-t-elle déclaré.
Pour Bakary Gueye de la Mauritanie, cet atelier de Lomé sur la santé sexuelle et reproductive était « important à plus d’un titre » car, ajoutera t-il, « Il m’a permis de parfaire mes connaissances en matière de couverture des faits liés à cette problématique très sensible. Les orientations concernant le choix des termes appropriés et des genres journalistiques les plus adaptés, furent d’un grand apport pour moi. J’ai aussi beaucoup appris sur la question de l’avortement qui est interdit dans mon pays. Et j’ai pu me rendre compte que tous les droits liés à l’avortement sont tout à fait fondés en ce sens qu’ils sont étroitement liés à la liberté de tout individu. »
Christian Gandjo du Benin est allé dans le même sens. « L’atelier de Lomé m’a donné beaucoup d’outils pour aborder, avec les termes adéquats, les sujets relatifs aux droits en santé sexuelle et reproductive (DSSR). J’ai aussi compris que sur le continent africain, de nombreux pays restent peu ou pas favorables à l’avortement, même celui sécurisé. Ce qui a le plus retenu mon attention ? Eh bien, c’est cette séquence de la formation au cours de laquelle, nous avons été amenés à défendre une opinion qui n’est pas forcément la nôtre. Un exercice difficile mais édifiant et passionnant à la fois » a-t-il déclaré.
Madina BELEMVIRE du Burkina Faso est rentrée à Ouagadougou satisfaite. « L’atelier de Lomé m’a permis de renforcer mes connaissances sur les droits en santé sexuelle et reproductive, notamment en matière de législation et d’accès aux services. Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est la richesse des échanges entre les participants et la diversité des perspectives abordées. J’ai appris l’importance de mettre en avant les témoignages et les expériences des personnes concernées pour rendre mes articles plus authentiques et inclusifs. La dynamique de groupe et l’atmosphère bienveillante ont favorisé un apprentissage collaboratif et stimulant. Grâce à cet atelier, j’ai également pris conscience de l’importance de lutter contre les stigmatisations et les discriminations liées à la santé sexuelle et reproductive dans mes reportages » a déclaré la jeune journaliste Burkinabè.
« Cette formation m’a permis de renforcer mes capacités sur le plan professionnel, j’ai appris beaucoup de choses et c’est un atelier qui a apporté beaucoup de fruits parce que c’est un échange, une formation participative chacun donne son avis et on discute au fur et à mesure et ce qui m’a beaucoup plu c’est surtout comment monter le projet d’une production et j’ai gagné encore un plus. Et ce qu’il faut retenir encore c’est le travail de groupe qui m’a vraiment beaucoup plu, parce que nous avons échangé sur beaucoup de choses et la tribune était libre, chacun pouvait se lever et donner son avis ce qui a permis que nous puissions avoir un débat ouvert à tout le monde. Sur le plan professionnel à mon retour au pays je vais faire la restitution d’abord à la direction de santé de reproduction et après quoi j’organiserai une formation avec les confrères du Tchad, ce qui va leur permettre également de renforcer leurs capacités et être actifs sur le terrain. Et en tant que professionnel des médias je continuerai toujours à écrire, à faire des émissions pour sensibiliser surtout la population sur la question des droits en santé sexuelle et reproductive » a déclaré pour sa part Nadji Atel Ndedi du Tchad. Il a aussi apprécié les rapports entre confrères : « Les rapports entre confrères étaient au top. C’était dans esprit de convivialité et de solidarité totale, on vivait comme des frères et sœurs, on a partagé beaucoup d’expériences, j’ai eu des rencontres avec des camerounais, avec les béninois les togolais, les ivoiriens les burkinabè, on a échangé, comment ils travaillent dans leurs pays et leurs expériences me permettront également d’aller mettre en application au pays » a ajouté Nadji Atel Ndedi.
« Cet atelier m’a permis d’appréhender toutes les questions autour des droits sexuels et de comprendre également que les jugements de valeur que nous faisons le plus souvent sur l’avortement ne sont pas fondés du tout, refuser accepter l’avortement est un sujet pour certains pays un couteau à double tranchant et qu’il faudra une très bonne éducation, il faudra apprendre des autres pays qui eux aujourd’hui, ont pu dépassé ces questions et puis légaliser le droit à l’avortement dans leur pays, apprendre de ces pays la pour prendre des décisions réelles pour les pays qui n’ont pas encore commencé. Pour moi c’est un débat que les médias doivent poser avec toute la vérité à travers les données les conséquences que l’on voit le plus souvent à travers ces avortements clandestins et ne pas également faire de jugement de valeur par rapport à ce qui se passe pour les personnes qui le font et ou qui veulent le faire ; c’est un atelier qui m’a permis d’appréhender toutes ces questions et qui me permet également d’écrire programme sur mesure pour les adolescents et les jeunes par exemple dans mon pays au Sénégal et même dans certains pays où l’avortement est fortement réprimandé ; c’est véritablement un atelier qui me permet de cerner la problématique et d’apporter des solutions réelles pour les pays africains qui n’ont pas encore légaliser l’avortement, aller vraiment pas à pas pour trouver des solutions pour le bien-être des populations a confié Mandiaye Pety Badji du Sénégal avant d’ajouter que « C’était un atelier très bénéfique où le formateur a partagé des documents essentiels qui nous permettront de vraiment travailler de manière transparente encore une fois, de manière véridique sur ces questions essentielles de droit à la sexualité».
Très apprécié par tous les participants par sa très grande maîtrise des sujets et sa vaste culture sur les thématiques abordées, le facilitateur, Docteur Adanvo Isaac Houngnigbe, venu du Benin, n’a pas caché sa satisfaction au terme de cet atelier de Lomé. « Nous avons abordé une thématique fondamentale, on a beaucoup de défis encore sur les questions de décès maternels, sur les questions des avortements sécurisés, les hémorragie du post partum les VBG, les questions d’infertilité, en tout cas les défis sont encore là, depuis des années les indicateurs sont les mêmes et donc il faut forcement l’implication des journalistes, les médias, pour pouvoir favoriser tout au moins, l’accès de l’information sure et fiable sur cette thématique là. Et ce que nous avons essayé de faire c’est de travailler avec les journalistes sur comment identifier un sujet , comment identifier un angle de traitement comment raconter l’histoire derrière cet angle là, quel type de genre journalistique on peut utiliser pour pouvoir intéresser ou fouiller davantage le sujet , donc nous avons essayé d’aborder cette thématique là , et ce que nous avons faut pour ne pas être très théorique c’est de faire des exercices de groupes d’élaborer des projets individuels de production, d’élaborer des projets de groupes également et les journalistes ont pu partager entre eux les expériences et ça été très enrichissant , et chaque groupe a pu présenter son projet et nous avons vu la richesse de ces sujets là et la qualité des journalistes des participants qui sont venus à cet atelier. Donc je pense que c’est une occasion pour eux d’avoir des idées et de les déployer une fois dans leurs pays mais également de le restituer aux journalistes de leurs rédactions pourquoi pas aux autres journalistes du pays » a dit ce médecin-Journaliste scientifique.
Le facilitateur et tous les participants ont du fond du cœur remercié IPAS Afrique Francophone dont le siège est basé à Abidjan en Côte d’ivoire, pour avoir apporté cet appui aux acteurs des médias parce que fondamentalement, c’est impossible de réaliser ces droits sans les médias. Les participants ont quitté la capitale togolaise dimanche 7 avril 2024 avec l’espoir de voir IPAS Afrique francophone continuer de financer de telles formations qui permettent aussi aux journalistes du continent de créer de nouvelles synergies et des axes de collaboration.
Organisation pionnière dans le domaine de la santé et des droits, axée sur l’amplification, la défense et la promotion de l’accès à l’avortement et à la contraception sans risque, IPAS Afrique Francophone travaille pour que toutes les femmes puissent prendre des décisions en matière de reproduction en toute liberté et avec plaisir.
Ericien Pascal Nguiamba Bibiang de retour de Lomé