Le plus long village du département de l’océan (14km), situé à 78 km de Kribi la cité balnéaire et à 34 km de Lolodorf, est l’une des zones les plus enclavées du Sud, la région frontalière du Cameroun avec le Gabon, le Congo Brazzaville et la Guinée Equatoriale. A Bidjouka, pas d’électricité, aucun signal radio, aucun signal TV, pas de réseau téléphonique disponible. Depuis de nombreuses années les habitants rêvent sans cesse de modernité. Voyage dans un village qui pleure l’urbanisation.
Les habitants de Bidjouka ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis de nombreuses années leur village, aux multiples atouts touristiques, fait face à une injustice naturelle pour certains et humaine pour les autres. Entouré par de grandes collines, l’accès à ce village est un véritable parcours de combattant, surtout en saison pluvieuse. En effet, pour les visiteurs en provenance de Lolodorf, il faudra une bonne dose de courage en saison de pluie pour « affronter » la délicate et dangereuse colline de Mbikiliki, village frontalier. C’est une colline qui ressemble à une véritable falaise qui impose à tout automobiliste une extrême prudence. Une fois dans ce village, l’on est pratiquement coupé de la civilisation : Aucun réseau téléphonique disponible. Aucun signal radio, idem pour le signal tv. Aucune connexion internet. « On recevait le signal radio ici à l’époque des ondes courtes. Mais aujourd’hui avec la disparition des ondes courtes pour la FM, nous n’écourtons pas la radio ici à Bidjouka. Nous ne recevons pas également la télévision » raconte un habitant du village avant d’ajouter que « notre village est placé en bas des collines, le signal nous traverse ». En effet au Village Mbikiliki du côté de Lolodorf, le réseau téléphonique est disponible. Le réseau téléphonique est également disponible au village Lambi du côté de l’arrondissement de Bipindi dont dépend le village. A Bidjouka lors des manifestations, il faut prévoir un groupe électrogène. Pour avoir la lumière. Pendant ce temps, les autres parties du village sont plongées dans une obscurité inquiétante, contrairement aux autres villages du département qui « brillent » jour et nuit.
Pistes de solutions
« La seule solution pour mettre un terme à notre souffrance c’est qu’on nous installe ici à Bidjouka, une antenne relais pour que nous puissions avoir le signal radio, signal télé, les réseaux téléphoniques etc. » explique un habitant du village. Car « tant que nous n’aurons pas une antenne relais ici, nous serons toujours coupé du reste du monde… » ajoute-t-il. Selon nos informations, le village vient de se doter d’un comité de développement, qui pourrait sans doute inscrire ce genre de doléances dans les actions prioritaires. Outre l’Association des Fils et Files de Bidjouka, le village devrait aussi bénéficier des initiatives du comité de développement de l’arrondissement de Bipindi, une organisation qui a vu le jour début mars 2022. On y retrouve d’ailleurs des élites du village. Au moment où la plupart des villages subissent la montée en puissance de l’urbanisation, Bidjouka, peine à trouver la voie. Le village où cohabitent dans la cohésion pygmées et Bantous (Ngoumba, fangs et boulous), rêve depuis de nombreuses années, d’être connecté au reste du monde.
Ericien Pascal Nguiamba Bibiang à Bidjouka
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