C’est via sa nomination au poste de commandant, en second, des Forces armées tchadiennes, qui interviennent dans le nord du Mali (FATIM), sous les ordres du général Oumar Bikomo, que ce général quatre étoiles marque les esprits. En côtoyant les forces françaises et occidentales au Sahel, il apparaissait déjà comme un interlocuteur crédible à leurs yeux. Mahamat Idriss Deby Itno, était incontestablement l’homme de la situation à Ifoghas au Mali. Ce soldat qui était jusque-là le patron de la garde présidentielle, a la charge de conduire une transition militaire de 18 mois.
L’histoire remonte en 2013, lorsqu’aux côtés de l’armée française, les soldats tchadiens, sous le commandement du fils du président, le général Mahamat Idriss Déby Itno, sont en première ligne de la seconde phase de l’opération Serval lancée pour protéger Bamako d’une offensive djihadiste, et débarrasser le nord du Mali des groupes armés islamistes. Alors que les autres contingents africains sont principalement stationnés dans le sud du Mali, plus de 2 500 soldats venus du Tchad et du Niger appuient 4 000 militaires français (forces spéciales, unités parachutistes, légionnaires) dans leur avancée contre les groupes djihadistes retranchés dans le massif des Ifoghas, une zone désertique et montagneuse dans le nord-est du Mali. Dans cette zone, et plus particulièrement dans la vallée d’Ametettai, qui semble être l’épicentre des combats, ils traquent les djihadistes dans des grottes et des cavernes dans des vallées difficiles d’accès, avec le soutien des populations locales et de Touareg qui leur servent de guides. Soutenus par des avions et des hélicoptères de combat qui préparent l’intervention des forces terrestres, L’armée Tchadienne, sous le commandement de Mahamat Idriss Deby Itno, inflige de lourdes pertes aux djihadistes lors de violents combats à très courte distance. Dans ce combat, les combattants tchadiens disposent d’atouts de taille. Car ce sont des troupes extrêmement aguerries au combat dans le désert, contrairement aux armées de la Cédéao. Ils supportent bien la chaleur extrême, ils savent que l’adversaire est très mobile, car c’est une guerre de pick-up, où les djihadistes se déplacent tout le temps. Or, les soldats tchadiens ont eux aussi une parfaite maîtrise des déplacements rapides dans le désert, sans points de repères. Mahamat Idriss Deby Itno à la tête d’une armée d’expérience. L’armée tchadienne est réputée pour être l’une des meilleures de la région, avec 30 000 militaires actifs et des moyens modernes financés par le pétrole. «Il y a certainement au Mali le fleuron de cette armée tchadienne», indique Philippe Hugon. Des éléments de l’armée pour l’essentiel issus de l’ethnie des Zaghawa fidèle au président Déby qui en est issu et composés notamment de forces spéciales antiterroristes formées par l’armée américaine en 2004. Intervenus dans les différentes opérations militaires au Tchad, leur réputation n’est plus à faire. Les Tchadiens se sont illustrés contre plusieurs rebellions dans le Darfour soudanais. En décembre 2013, juste avant de s’engager au Mali, l’armée tchadienne s’est également positionnée en force d’interposition en Centrafrique voisine, pour stopper la progression de la coalition rebelle du Séléka, qui s’était emparée de la majeure partie du pays avant de se retrouver aux portes de Bangui.
Autre atout de taille : les soldats tchadiens ont l’habitude d’opérer avec l’armée française. Cette dernière avait mis en place au Tchad les opérations Manta (1983) et Epervier (1986), apportant une aide décisive à l’armée tchadienne face aux troupes libyennes, alliées à l’opposant tchadien Goukouni Ouéddeï.
Né en 1983, le général Mahamat Idriss Déby Itno est l’un des fils du défunt président Idris Deby. C’est un pur produit de l’armée tchadienne et il jouissait d’ailleurs de toute la confiance de son père sur le plan militaire. Âgé de 37 ans, il a étudié au Groupement des écoles militaires interarmées du Tchad. Il a ensuite effectué un cours séjour dans une école militaire en France, avant d’intégrer les armées tchadiennes, suivant les directives de son père. Il entre alors dans la Direction générale de service de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE), la fameuse garde présidentielle. Mahamat Idriss Déby, a déjà passé l’épreuve du feu sur le terrain puisqu’en 2009, à seulement 25 ans, il participe à la bataille victorieuse d’AmDam contre une coalition rebelle, menée par Timan Erdimi, son cousin dans l’est du Tchad. Néanmoins, il faut dire qu’il n’était pas une personnalité publique de premier plan pendant la présidence de son père. Mais, il a assuré la sécurité présidentielle et était au cœur de l’arsenal militaire dont disposait Ndjamena. Mahamat Deby Itno a la charge de conduire une transition militaire de 18 mois.
Ericien Pascal Nguiamba avec Afrique Moyen-Orient Magazine (source)