CAMERCAP-PARC, le Centre d’analyse et de recherche sur les politiques publiques Economiques et Sociales du Cameroun en partenariat avec l’université de Yaoundé2 sous la supervision de African Economic Research Consortium, a présenté le 16 octobre 2023 à Yaoundé au cours d’un atelier de dissémination, une étude sur « l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur les inégalités de revenus au Cameroun : l’influence de la situation d’emploi ». Cette étude a été menée par Rodrigue Nd’achi Deffo, enseignant à l’université de Yaoundé 2, Michelle Estelle Ndonou Tchoumdop, Assistant Lecturer at the Faculty of Economics and Management, University of Yaoundé2 et Benjamin Fomba Kamga, professeur titulaire en sciences économiques à l’université de Yaoundé 2. Ces éminents chercheurs ont analysé l’effet de la situation d’activité due à la covid-19 sur le niveau des inégalités de revenus des ménages au Cameroun. En savoir davantage.
Ces spécialistes ont ainsi utilisé des données collectées auprès de 604 ménages dans les régions du centre et du littoral, dans le cadre de l’enquête sur l’impact des politiques publiques liées à la pandémie sur les personnes vulnérables au Burkina Faso, Cameroun, Côte d’ivoire et Sénégal. Les indices spécialisés d’inégalités, obtenus à partir de ces données, montrent un accroissement des inégalités dans les ménages pour lesquels le chef n’a pas d’emploi d’environ 6 points de pourcentages, contre 4 points pour ceux dont le chef a conservé son emploi. Il apparait alors que le statut d’emploi du chef de ménage ne constitue plus une source de revenus dans la population la plus pauvre.
Pour le Dr Nda’chi Deffo Rodrigue, cette étude qui a été faite dans le cadre du choc de la COVID-19, « va nous permettre de voir dans quelle mesure l’Etat peut prévenir l’impact de tout ces chocs sur le pouvoir d’achat des ménages des inégalités, la pauvreté parce qu’on ne peut pas mettre en place une politique de réduction de la pauvreté viable en maintenant les inégalités…il faut lutter contre ces inégalités. C’était un peu ça le but de cette étude » a-t-il expliqué avant d’ajouter que « Maintenant en ce qui concerne les résultats auxquels nous sommes parvenus….nous avions constaté que la perte d’emploi due à la COVID-19 a exacerbé les inégalités dans les ménages. Quelque soit la sous populations dans laquelle on se situe, que ce soit les pauvres, la classe moyenne, et peut-être ceux qui ont le essayé de faire face à cela ce sont les plus riches. Nous demandons donc à l’état d’essayer de rendre les emplois moins précaires pour stabiliser les revenus afin que les chocs soient moins violents sur les acteurs économiques et la population en général…Ces deux propositions que nous avons faites, la sécurité sociale et la formalité des entreprises sont des préalables déjà pour rendre l’emploi plus stable ainsi que les revenus ».
Selon un rapport publié par le Groupement inter patronal du Cameroun (GICAM), 87% des entreprises enquêtées ont opéré une mise au chômage technique, ou alors une réduction des effectifs ; Et la branche la plus touchée par les mesures de restriction décidées par le gouvernement fut celle du commerce de gros, détail et réparation, dont les achats sont principalement constitués de biens importés et dont une partie importante du chiffre d’affaires est effectuée par les activités de nuit(bars, restaurant, boite de nuit, etc.). Cette branche et d’ailleurs la plus importante de l’économie camerounaise avec 28,1% du chiffre d’affaires total des entreprises en 2017, 51% du chiffre d’affaires du secteur informel en 2010, et environ 16,8% du PIB sir la période 2013-2018.
Dans la population des ménages où le chef n’a pas d’emploi, le niveau des inégalités est passé de 0,463 avant la survenue de la pandémie à 0,520 pendant les fortes restrictions, dont un accroissement d’environ 6 points de pourcentage. Ce niveau, qui est plus élevé durant la période des fortes restrictions, est dû à l’instabilité économique qu’a créée la situation de covid-19 et à l’incertitude que connaissent les ménages dans lesquels le chef n’a pas d’emploi.
Tous ces résultats appellent donc les pouvoirs publics à étendre la sécurité sociale aux travailleurs du secteur informel, majoritairement constitué de la population la plus pauvre, pour stabiliser leurs revenus, et d’inciter les entreprises à se formaliser pour être plus résilientes aux crises sans toutefois réduire les employés. L’atelier était dirigé par le Directeur Exécutif de Camercap-Parc, Barnabé Okouda.
Ericien Pascal Nguiamba B