Le vernissage de cette exposition de Christian NANA TCHUISSEU a eu lieu le 21 octobre 2022 au centre culturel Metamorphosis à Kodengui, l’un des quartiers populeux et populaires du 4è arrondissement de la capitale Yaoundé. C’était en présence de nombreux amoureux de l’art et de la culture et des professionnels des médias. Voyage au cœur d’une exposition de masques pleins de symboles et qui parlent à toute l’Afrique.
« Comme le dit un Contemporain « Fais Tomber les Masques qui t’étouffent, tu es parfait avec tes émotions », il est question à travers cette exposition Multimédia baptisée « Crypto Mask » de mettre en avant nos masques Africains en générale et ceux de la région Afrique Centrale en particulier, puis oser une réflexion sur leur dimension spirituelle et mystique connues du Grand Public en résonance avec le masque de protection devenu classique. L’intérêt porté sur cette approche interactive est de libérer la parole et les énergies sur le sujet en vue de recueillir des angles d’aperçus différents, innovants, originaux et bien d’autres ressources informationnelles. La contemporanéité et l’accessibilité de ces ressources complémentaires pourraient susciter et captiver l’attention autant qu’ils pourraient servir d’éléments de reconnexion avec les différents contextes et époques de création des masques ayant participé à construire notre imaginaire collectif sur ces objets. Une manière de convoquer des souvenirs et de les partager, tout en prolongeant l’enrichissement de notre Patrimoine Culturel » explique Christian NANA, auteur de cette exposition dont la problématique principale est de faire tomber les jugements de valeurs, préjugés et stéréotypes négatifs qui entourent très souvent les masques Africains, empêchant les africains de se les approprier et d’en connaitre les usages, l’utilité et la fonctionnalité. Pris sous cet angle, cette exposition a le mérite de rouvrir le débat sur les préoccupations de fond qui se posent dans les sociétés africaines et favorisent entre autres le déni de s’assumer et d’assumer ses propos. « Les masques proposés aux visiteurs dévoilent des aspects de nos agissements quotidiens. Par exemple, les pratiques de « Faux Profils », « faux comptes » etc. que nous observons aujourd’hui à travers les réseaux sociaux et autres nouveaux canaux de communication, revêtent les symboliques de « masques » qui se présentent comme de véritables identifiant, quoiqu’utilisés de manière détournée. Les effets négatifs de ces usages sont l’effritement de la cohésion sociale. Donner une énergie supplémentaire à ces masques, plus de vie, plus d’émotions qui justifieront le discours actuel et contemporain qui le reconnectera à nous dans une autre dimension, loin des clichés d’avant. Faire tomber ses préjugés sans toutefois dénaturer ou exposer aux non-initiés les pratiques de ces différentes sociétés auxquelles appartiennent ses masques » explique Christian NANA(photo ci-dessous).
Ce sont donc des émotions tirées des masques originaux réalisées qui ont été présentées aux visiteurs de cette exposition baptisée Crypto Mask, car « l ’objectif final à atteindre via ce travail remarquable est de proposer des émoticons tirés et inspirés de ces masques sélectionnés et auxquels nous nous identifieront et qui feront notre fierté parce qu’ils contribueront à valorise notre Patrimoine Culturel Africain. L’ambition recherchée est que ces émoticons puissent servir à l’avenir pour communiquer et faire passer des messages au-delà d’internet, des réseaux sociaux transmis sur nos Téléphones Intelligents. Preuve que Patrimoine Culturel Africain et les nouvelles Technologies de diffusion de l’information et de la Communication peuvent faire bon ménage et conduire à des résultats plus que probants. Car le défi ultime dans nos sociétés africaines actuelles où l’enjeu de se réapproprier notre mémoire nous engage à nous reconnecter avec nos valeurs, nos us et coutumes, avec notre histoire, pour une meilleure orientation future. Nous devons nous engager afin de restituer cette mémoire à nos populations, et CRYPTO MASK vient contribuer à cette dynamique » pense Christian NANA qui souligne que « L’exposition dénommée « Crypto-Mask » est pour nous le lancement d’un mouvement s’inspirant d’idéologie et philosophie développées autours des objets et biens Culturels patrimoniaux Camerounais et Africains. C’est le début d’une aventure pleine d’enthousiasme avec comme but ultime de marquer le visiteur qui arrivera, le faire adhérer à la cause et l’amener à s’interroger afin qu’une possible connexion ou réconcilier puisse se faire avec ces masques en vue d’une consommation certaine et une diffusion accrue de nos us et coutumes. Le choix de saisir l’opportunité que nous offrent aujourd’hui les Nouvelles technologies à travers les nouveaux médias est une façon d’apporter notre contribution à asseoir et faire circuler sans restriction aucune ces biens Culturels du Cameroun et d’Afrique, qui sont loin d’avoir livré tout leur secret au monde actuel ».
Par ailleurs, en terme de démarche artistique, explique Christian NANA , « Crypto-Mask » est à la fois un travail de recherche artistique et scientifique se situant à la lisière du traditionnel et du moderne, s’immergeant dans les pratiques ancestrales et contemporaines. Mais aussi, il s’ouvre sur la perpétuation et la diffusion concernant le masque africain, à travers une approche contemporaine prenant en compte des éléments patrimoniaux rappelant nos us et coutumes. L’intérêt est d’encourager une appropriation et une acceptation de notre patrimoine par une large frange de notre population sur la base d’un discours actuels comme de l’usage des outils de notre temps. Cet objet ambivalent qu’est le masque, peut servir en même temps pour révéler et dissimuler. Accéder aux choses cachées nécessite d’intégrer la dimension mystique du masque comme bien d’autres aspects des sociétés qui requiert d’enclencher le processus de dé-dissimulation à travers une analyse des modes de décodage ou simplement procéder à un décryptage. L’ensemble des rouages de notre société s’arrime à cette démarche. Décrypter les données numériques faites appel à un ensemble de code qu’il faut savoir manipuler. Accéder à un réseau social, à un compte bancaire… bénéficier d’un raccordement au réseau électrique, des services d’un opérateur téléphonique, etc., tout cela est conditionné par la création d’un compte personnel muni d’un code. Notre société est donc un assemblage de petits univers couverts de voile dont il convient d’avoir les codes pour les dévoiler. Exactement comme le masque qui peut servir à jouer l’intermédiation entre le monde des vivants et des morts, entre le monde visible et le monde invisible. Il faut savoir et savoir utiliser les codes pour déverrouiller les portes et accéder à l’autre monde. Ici, le masque est à la fois une barrière et un véhicule de navigation entre deux espaces. »
Ange Beybey à Yaoundé