Le projet du statut de l’artiste au Cameroun vient d’être remis au gout du jour. L’initiative portée par le GRACAS et soutenue par la communauté internationale, notamment l’Union européenne, la communauté artistique nationale, la communauté parlementaire nationale, était au centre d’un Forum de concertation nationale à Yaoundé. Les partenaires du GRACAS, Groupe de recherche d’animation culturelle et de critique d’arts du spectacle, s’engagent à soutenir les artistes dans l’élaboration de la proposition de loi qu’ils veulent voir passer dans les mois à venir à l’assemblée nationale camerounaise. En savoir davantage.
Par Ericien Pascal
Le Forum de concertation nationale sur le statut de l’artiste au Cameroun (Foconsac 2023), organisé le 11 octobre 2023 à Yaoundé, est présenté par la communauté artistique nationale comme l’une des actions salutaires dans le processus de revalorisation de la profession d’artiste au Cameroun. On peut donc comprendre la forte mobilisation de tous les acteurs de ce secteur lors de ce Forum de Yaoundé organisé sous le thème « Chemin parcouru et perspectives pour le statut de l’artiste au Cameroun ».
Déjà la veille, le 10 octobre, s’est tenue une réunion du conseil scientifique dans le cadre de la première journée du forum, avant l’ouverture des ateliers et séances plénières le lendemain mercredi 11 octobre 2023. Pour le Docteur Henri Fotso, de son nom d’artiste Henri Lesentimental, Directeur Général et Co-fondateur depuis 1996 de la société savante GRACAS, Groupe de recherche d’animation culturelle et de critique d’arts du spectacle, (photo ci-dessus) « il faut déjà commencer par constater la diversité des participants (à ce forum). Nous avons les artistes de toutes les corporations au Cameroun, et s’il fallait parler d’OGC en termes de corporation, on va voir que les artistes qui ont pris part à ce forum venaient de la sonacam de la sociladra de la scaap de la scdv, et de la socadap. Et deux de ces organismes ont été représentés au plus haut niveau à travers les émissaires des différents président du conseil d’administration, la sonacam et la scaap ».
On a également noté la participation à ce forum des députés des différents partis politiques notamment de l’UDC, du RDPC (au pouvoir) et du SDF même si ces deux deniers ne sont pas arrivés physiquement, ils ont marqué leur soutien par voie électronique parce que le forum était aussi diffusé en direct via zoom et via whatsapp.
Il faut dire qu’avec cette présence massive diversifiée, ce forum était un succès. « Un coup d‘essai , un coup de maitre, parce que c’est en réalité la première fois que le groupe de recherche d’animation culturelle et de critique d’art du spectacle (Gracas), prend l’initiative de porter la problématique du statut de l’artiste au Cameroun et pour ce faire, l’association savante s’est agrégée d’autres acteurs qui l’ont procédé dans cet objectif, notamment le Mouvement des auteurs compositeurs et interprètes du Cameroun(Macica), avec une contribution forte du président de ce mouvement Dj Bilik, (Francis Joël Atangana à l’Etat civil), la participation de la Cameroon Confédération of Workers Trade union avec le président confédéral Flaubert Moussole. Le travail était dense et riche soutenu, avec des adultes qui ont tenu toute la journée, de 10 h du matin à 19h. Les travaux de cet atelier étaient très engagés » confie Henri Fotso. L’union européenne, à travers l’émissaire du représentant de l’Union européenne au Cameroun, monsieur Gregor Schneider a pris part à ces travaux toute la journée ce qui témoigne de l’intérêt que la communauté artistique nationale, la communauté parlementaire nationale, et la communauté internationale portent à ce projet du statut de l’artiste au Cameroun. « Les uns et autres partenaires ont promis de rester à nos côtés pour nous soutenir dans l’élaboration de la proposition de loi que nous voulons voir passer les mois à venir à l’assemblée nationale camerounaise » a déclaré le Dr Henri Fotso devant les membres du conseil scientifique du gracas, les artistes et invités spéciaux et journalistes.
Pour le président du Mouvement des auteurs compositeurs et interprètes du Cameroun(Macica), Dj Bilik, (Francis Joël Atangana à l’Etat civil), « c’est un sujet qui est discuté depuis pratiquement trente ans et c’est un forum de plus qui va apporter quelque chose de plus étant donné que ça urne et ça devient une réalité que les artistes n’ont pas de statut dans leur propre nation. Quand on parle artiste ici il ne faut pas que les gens pensent toujours que c’est les musiciens. C’est l’art et la culture en général qui n’a pas de statut social au Cameroun et nous attendons de ce forum les résolutions fortes et de la proposition d’une mouture qu’on proposera aux artistes en premier et ensuite au gouvernement parce que ce sont les artistes eux-mêmes qui doivent proposer au gouvernement le statut dont ils ont envie de mettre en place pour le devenir et le quotidien , la protection sociale surtout qui est très importante, la sécurité sociale de l’artiste ». A la question de savoir à quoi renvoie concrètement ce statut, la réponse de Dj Bilik(Photo ci-dessus, au milieu) est claire : «ça renvoie à la professionnalisation du métier à la catégorisation, à l’organisation de notre métier par catégorie, par corps de métiers. Par exemple dans la catégorie B art musical, vous avez à l’intérieur des musiciens instrumentistes, les interprètes , des chanteurs, des compositeurs, des éditeurs ,des producteurs audio phono qui font partie d’une infime partie du corps de métiers , quand on va éclater vous avez des musiciens guitaristes , des musiciens trompettistes , musiciens pianistes , musiciens percussionnistes , ce sont des métiers. Vous avez des ingénieurs de son, des arrangeurs, des câbleurs, il y a en plein comme ça qu’il va falloir définir, catégoriser. On ne veut plus retrouver un artiste qui est en même temps chanteur interprète, musicien, manager, ingénieur de son. Non chacun doit choisir un corps de métier qui lui sied très bien, bien qu’il soit multidimensionnel, mais il a une catégorisation avec laquelle il fonctionne et il peut fonctionner pour sa vie pour sa sécurisation et pour le gain ». Ce statut évoque aussi des propositions de salaire des artistes ainsi que leur âge de départ à la retraite. Mais ajoute le président du Macica, « Il faut professionnaliser aussi les promoteurs culturels qui sont des employeurs qui doivent offrir des contrats. Sans contrat franchement un artiste ne doit pas évoluer sur une scène. C’est pour ça qu’aujourd’hui les artistes meurent dans la précarité par ce qu’on n’a jamais cotisé socialement à la cnps ou bien dans une police d’assurance ».
Ericien Pascal